mardi 5 mai 2015

3ème Carnet - 21 août 1918

21 août. – Le Lorenzo Monaco du musée de Boston.


Le mariage mystique de Sainte Catherine -  environ 1340 - Barna da Siena (italien (Sienne), actif de 1330 à 1350 (Sienne)) : au musée de Boston (voir la note*)
Source le musée de Boston

Je l’ai acheté cent cinq mille francs, en même temps que le Gentile da Fabriano que j’ai vendu à Henry Goldman de New York et le Pietro Alamanno que je possède encore. J’ai trouvé cette indication par hasard en ouvrant un livre de comptabilité. Je m’amuserai quand j’aurai le temps à revoir mes vieux livres et à donner des indications sur les prix de notre époque.

Évacuation des objets d’art.
Chantilly : arrivée du Prix de Diane : M. Edouard Kann, propriétaire de Reganda : [photographie de presse] / Agence Meurisse Source Gallica

Edouard Kann (1) m’en parle, qui a une assez grande collection. Il est le neveu de Rodolphe Kann qui possédait la fameuse collection que nous avions achetée dix-sept millions avec Duveen frères. Il est le fils de Maurice qui avait aussi une très belle collection dont nous acquîmes les plus beaux tableaux.


Il me dit : « Les Boches avaient entrepris l’attaque de cette formidable position, le Chemin des Dames. Ils l’enlèvent en un tournemain. C’est qu’elle n’était plus gardée que par trois divisions territoriales et deux des divisions anglaises décimées deux mois auparavant quand elles reculaient jusqu’aux abords d’Amiens. Elles avaient été placées là, en quelque sorte, au repos, avec un moral très mauvais. Les Allemands comptaient s’arrêter, mais, ne trouvant personne, ils avancent pendant trois jours de soixante-dix kilomètres, l’arme à la bretelle. Dix mille hommes des nôtres, des cavaliers, descendent du Nord, leur barrent la route et les Boches s’arrêtent devant notre première tentative de résistance.

Photographie du musée de Douai en octobre 1918. BDIC/MHC, Paris - Source musée de Douai

« C’est alors que les Beaux-Arts s’occupèrent de faire déménager les objets d’art. Je ne voulais rien bouger, ils insistent et m’offrent un immense wagon dans lequel ils empilent seize cent mille francs de marchandises.

ARTS (Les) N° 88 DU 01/04/1909 - TOCQUE - Portrait de femme - Collection de feu Maurice Kann - Brouwer - Collection de M. KANN

Dix tableaux, dont mes deux panneaux de Fragonard, de la vente Crosnier, ma femme de Tocqué, mes Largillière, mon petit Boilly, la femme à l’oiseau qui m’a coûté vingt-trois mille francs, ma bibliothèque de Strasbourg et quelques autres meubles.
« Le Louvre, les Arts décoratifs, le Petit Palais déménagèrent incroyablement vite. Ce fut un beau tour de force ! »

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Note de l'éditeur

(1) Il a écrit un journal pendant la guerre, il me l’a dit. Il peut être intéressant. Kann, mort il y a deux ans, était très instruit. Il était auxiliaire, et fut placé à la Maison des Journalistes où on était très au courant des dernières nouvelles et où passaient tant de gens intéressants.

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Note de l'auteure du blog

* A propos de cette toile de Barna da Siena, le musée précise dans sa notice :
Provenance
1858, Robert Macpherson, Rome [Otto Mündler signale avoir vu la peinture à Rome le 12 mai 1858, chez Mme Anna Jameson, la tante de la femme de Macpherson ("Les Travel Diaries de Otto Mündler , "Walpole Société 51 (1985): 234). Robert Macpherson était un artiste écossais qui s'installe en Italie en 1840 et a travaillé à titre de courtier.].
1859, William Blundell Spence (b 1814 -.. D 1900), Londres [De Londres, Spence a écrit à Lord Alexander William Lindsay le 27 Juillet 1859, parlant de trois tableaux qui venaient d'arriver de Rome (que ce soit des tableaux achetés à Macpherson n'est pas précisé), y compris le tableau AMF, attribué à Simone Martini. Voir John Fleming, "Dealing Art dans le Risorgimento,« Burlington Magazine 121 (1979): 503, n. 62 et 579, et Hugh Brigstocke, "Lord Lindsay comme Collector», Bulletin de la John Rylands Library 64 (printemps 1982): 321, n. 4.].
Alexander Barker (1873 d.), London [Dans une lettre de Wildenstein, Paris, à Walter Gay de l'AMF (28 Décembre, 1915), le tableau est dit avoir été acheté auprès d'Sartoris. Le concessionnaire croit que Sartoris l'a reçu d'un de ses oncles, qui l'avait acheté de la collection Barker. Il ne peut pas être identifié avec l'un des tableaux des ventes aux enchères Barker du 6 Juin, 1874 ou 21 Juin, 1879. ]
Vendus de la collection Barker à l'oncle d'Algernon Sartoris (?); par filiation à Algernon Sartoris -, Paris et Londres (1877 b 1907 d..)
Vendu par Sartoris à Gimpel et Wildenstein, Paris et New York [En plus de l'information fournie par Wildenstein (voir ci-dessus), René Gimpel et Wildenstein a noté le 7 Juillet 1918, qu'il provenait de la collection Sartis [sic]. Il été exposé au Musée des Arts Décoratifs, à Paris, comme une œuvre de Lorenzo Monaco. Voir son «Journal d'un marchand d'art," trans. John Rosenberg (New York, 1966), p. 46. ]
1915, vendu par Wildenstein à l'AMF pour $ 17,727 [donné alors comme un travail de Lippo Memmi.].
Source le musée de Boston

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

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