lundi 16 mars 2015

2ème Carnet - 8 juin 1918

8 juin. – Sur Renan. 

Félix Le Dantec, Source Wikipedia

Notre commissaire de bord est le frère du célèbre philosophe Félix Le Dantec*, l’athée de la biologie ou le biologiste de l’athéisme ; l’apôtre du matérialisme, l’adversaire de Bergson. Il est mort il y a un an, avant-hier. Le père Le Dantec était le médecin de Renan** en Bretagne. « Quand vous jugerez que je n’ai plus longtemps à vivre, prévenez-moi, lui avait demandé ce dernier. Je veux mourir au Collège de France. »

Ernest Renan à la fin de sa vie - Source Ephes


Un jour, le docteur revient chez lui et dit aux siens : « Dans deux mois, Renan sera mort et je n’ose le lui avouer. » – « Il faut avoir ce courage, mon père. Allons tout de suite chez M. Renan », dit Félix le Dantec. Mon père et mon frère revenaient deux heures plus tard à là maison. J’étais là, ma mère les interroge avec inquiétude, malgré leur bonne mine. « Comment ce bon monsieur Renan a-t-il pris la chose ? – Oh ! très bien ; il a tiré sa montre, a réfléchi une seconde et a dit : « C’est aujourd’hui lundi, Le Dantec, venez avec les vôtres déjeuner ici jeudi. Puis, je prendrai mon train pour Paris. » Et nous avons parlé d’autre chose (1).

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Note de l'éditeur du livre
(1) Renan quitta la Bretagne le 17 septembre. Il mourait le 2 octobre 1892.
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Notes de l'auteure du blog

* Félix-Alexandre Le Dantec, né le 16 janvier 1869 à Plougastel-Daoulas dans le Finistère et mort le 6 juin 1917 à Paris, est un biologiste et philosophe des sciences français.
Félix Le Dantec vécut une partie de sa jeunesse dans la région de Lannion (à Pleumeur-Bodou probablement), puis fut élève de classes préparatoires au lycée Janson-de-Sailly reçu, âgé de 16 ans seulement, premier à l'École normale supérieure en 1885 et y resta jusqu'en 1888 : il entra alors à l'Institut Pasteur comme préparateur dans l'équipe de Ilya Ilitch Metchnikov. Son service militaire le mena en Indochine où il fut envoyé au Tonkin, puis au Laos où il participa à la « mission Pavie » en 1889-1890. Docteur ès-sciences naturelles à 22 ans (sa thèse est intitulée Digestion intracellulaire chez les protozoaires), il fut envoyé par Louis Pasteur à São Paulo (Brésil) pour y fonder un laboratoire destiné à étudier la fièvre jaune qui sévit alors à Santos. À son retour, il est nommé maître de conférences à la faculté de Lyon. En 1899, il est nommé à la Sorbonne où est créée pour lui une chaire d'embryologie générale. Il meurt de la tuberculose. Un long article lui rendant hommage a été publié peu après sa mort par la revue Annales de Bretagne en 1918.
Source Wikipedia

** Joseph Ernest Renan, né le 28 février 1823, à Tréguier et mort le 2 octobre 1892 à Paris, est un écrivain, philologue, philosophe et historien français.
Fasciné par la science, Ernest Renan adhère immédiatement aux théories de Darwin sur l'évolution des espèces. Il établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques. Une part essentielle de son œuvre est d'ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) et sa Vie de Jésus (1863). Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenche des débats passionnés et la colère de l'Église catholique.
Ernest Renan est considéré aujourd'hui comme un intellectuel de référence avec des textes célèbres comme Prière sur l'Acropole (1865) ou Qu'est-ce qu'une nation ? (1882). Dans ce discours, Renan s’efforce de distinguer race et nation, soutenant que, à la différence des races, les nations s’étaient formées sur la base d’une association volontaire d’individus avec un passé commun : ce qui constitue une nation, ce n'est pas parler la même langue, ni appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est « avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore » dans l'avenir. Ce discours a souvent été interprété comme le rejet du nationalisme racial du type allemand en faveur d’un modèle contractuel de la nation.
Pourtant, comme l’ont signalé Marcel Detienne et Gérard Noiriel, la conception par Renan de la nation comme un principe spirituel n’est pas exempte d’une dimension raciale, au point que des penseurs comme Maurice Barrès en firent leur précurseur. Le « plébiscite de tous les jours » défendu par Renan « ne concernent que ceux qui ont un passé commun, c'est-à-dire ceux qui ont les mêmes racines ».
 Son intérêt pour sa Bretagne natale a été également constant de L'Âme bretonne (1854) à son texte autobiographique Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883).
Source Wikipedia

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

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